Bien qu’autonomes et différenciés, les deux groupes de la S.A.O sont très proches l’un de l’autre (un étage les sépare). Les adolescentes comme les éducateurs se croisent régulièrement, participent occasionnellement à des activités communes, voire se rapprochent davantage lorsque les effectifs sont restreints certains week-ends. Il est cependant possible de séparer complètement les deux unités lorsque cela est nécessaire, notamment dans le souci de préserver les effets apaisants produits par la petite taille des groupes. Nous constatons en effet que la régulation s’effectue naturellement plus aisément au sein d’un petit groupe, moins perturbé par les traditionnels effets pervers produits par la collectivité (leaders, caïdat, etc…).
Au cours des premiers mois suivant l’admission, un premier travail d’élaboration du projet éducatif individualisé (P.E.I) est mis en œuvre. La construction de ce projet comme sa mise en œuvre s’effectuent toujours avec et par les adolescentes. Les jeunes filles sont en effet les seules à pouvoir déterminer dans quelle direction elles souhaitent s’orienter. Pour autant, elle ne sont pas souvent en capacité de l’exprimer clairement voire de le concevoir avec précision. Notre travail consiste alors à les aider à verbaliser leurs attentes, désirs, à les rapprocher des principes de réalité et à faire le lien entre les attentes et objectifs des adolescentes, de l’autorité de placement, de leur famille. Le P.E.I consiste en un support de prise en charge, destinée à donner du sens au placement, à favoriser le travail d’orientation. Il n’est jamais complètement abouti mais s’inscrit dans une dynamique permanente. A échéances régulières, nous ré interrogeons le P.E.I avec l’adolescente concernée, tenant compte de l’évolution du placement, de l’évolution plus générale de la problématique familiale de la jeune fille. Il arrive que le P.E.I ne soit plus d’actualité et que nous soyons amenés à le modifier complètement. Là encore, le changement est parlé, accompagné, chargé de sens.
Le P.E.I comporte des rubriques simples et fondamentales en termes de motivations du placement, objectifs poursuivis, moyens mis en œuvre et évaluation. C’est au niveau des moyens mis en œuvre que des orientations internes au sein de l’une ou l’autre structure « des Bacelles » peuvent s’inscrire. Tenant compte des objectifs poursuivis et des motivations du placement, la prise en charge dans l’une des structures peut s’avérer mieux adaptée qu’une autre à certains moments. Ainsi, une jeune fille peut-elle intégrer la S.A.O (Structure d’Accueil et d’Orientation) à l’admission puis être « orientée » vers la Maison Scolaire avant d’être prise en charge individuellement dans un studio de notre S.H.D (Structure d’Hébergements Diversifiés) en fin de placement. Dans l’ensemble des possibilités, la S.A.O présente la particularité d’être à la fois lieu de premier accueil et lieu d’orientation interne possible. Les jeunes filles prises en charge dans les autres structures peuvent « revenir » au sein d’un groupe de la S.A.O sans que ce soit nécessairement perçu comme une régression dans leur évolution.
La S.A.O offre une autre particularité dans sa capacité d’accueil temporaire de une à trois adolescentes dans une chambre « annexe » de 3 lits situés au 1er étage (dans les locaux du groupe n° 1). Cet accueil temporaire est à envisager comme un « sas » à l’usage interne des « Bacelles ». Il ne s’agit pas d’y accueillir des adolescentes placées en urgence lorsque les places des deux groupes de la S.A.O sont occupées. Ce « sas » a vocation à accueillir les jeunes filles déjà admises aux « Bacelles » dans des circonstances définies :
- les adolescentes prises en charge par la Maison Scolaire y sont accueillies au cours des périodes de vacances scolaires alors que la Maison Scolaire est fermée et qu’elles n’ont pas la possibilité de partir en vacances en famille ou dans des camps de vacances,
- les adolescentes hébergées dans les studios de la S.H.D peuvent être « rapatriées » à tout moment dans la chambre « sas » en cas de problème de tout ordre empêchant leur maintien en studio (pannes d’équipements du studio, mal-être important nous faisant craindre un passage à l’acte suicidaire, non respect des règles de vie ou de sécurité, etc…),
- enfin les jeunes filles suivies dans le cadre de l’internat-externé peuvent être accueillies immédiatement en cas de difficulté.
L’accueil d’adolescentes dans cette chambre est nécessairement temporaire en attendant la réinscription de la jeune fille dans la structure d’où elle vient ou au sein d’un autre groupe. Il va de soi que nous ne pouvons pas utiliser cette chambre pour un autre usage (accueil d’urgence par exemple) sans s’exposer au risque de ne plus disposer de cette solution en cas de rapatriement d’urgence. La réactivité dont nous devons faire preuve tient à la forte instabilité des situations et à la nécessité de pouvoir se confronter à toutes sortes d’incidents perturbant l’évolution prévisionnelle des placements sans provoquer de forte rupture ou une fragilisation de l’équilibre de l’institution.